samedi 7 décembre 2013

Eloge de la Nature... une institution

Amazonie, Jean Lurçat, tapisserie des Gobelins, 1958

Aujourd'hui destination le XIIIème, pour découvrir une institution: La Manufacture nationale des Gobelins. Alors suivez-moi, mais attention c'est un peu dense,  je vais essayer de simplifier.

Dans l'enclos des gobelins, sont réunis depuis 1937 par André Malraux, sous une direction générale commune, plusieurs institutions : le mobilier national, les manufactures nationales de tapis et tapisserie (Manufacture des Gobelins, Manufacture de Beauvais, Manufacture de la savonnerie) et les ateliers nationaux de dentelle du Puy et d'Alençon.

Pour comprendre tout cela, direction le XIIIème siècle, afin de meubler les nombreuses résidences des rois et de la famille royale, est crée un service d'intendance "l'Ostel le Roy". Seuls les principaux châteaux disposaient de meubles permanents, des meubles royaux étaient donc stockés afin d’être installés quelques jours avant la venue des souverains dans leurs "résidences secondaires".

Le mobilier était très basique, coffres et tapisseries en étaient les principaux éléments. Mais pourquoi la tapisserie me direz-vous? Son but principal était de se protéger du froid en isolant les murs, son rôle décoratif vient ensuite dans un second plan.

Henri IV organise tout cela sous le nom de garde-meuble Royal, sous Louis XIV, Colbert réorganise à nouveau l'institution et la nomme : mobilier de la Couronne... je vous passe quelques étapes et quelques lieux mais il faudra attendre la chute du second empire pour que le Mobilier National prenne son nom actuel et 1937 pour qu'il intègre l'Enclos des Gobelins.

Aujourd'hui, le mobilier national conserve et restaure, meubles et tapisseries qui appartiennent à l'état, et qui sont prêtés aux différents lieux de pouvoir et de représentation de la France (Élysée, Ministères, Ambassades, Événements...). Un pôle créatif a aussi été crée par Malraux, l'ARC (atelier de recherche et de création) afin de promouvoir les techniques de pointe et l’esthétique dans la fabrication de nouveaux meubles (généralement fauteuils et bureaux). Les artisans de l'ARC travaillent ainsi à la réalisation de projets de designers contemporains. 

Les manufactures quant à elles, restaurent les tapisseries anciennes et produisent des commandes d'état d'artistes contemporains. Des visites des manufactures sont organisées avec un conférencier tous les mardis, mercredis et jeudis à 13h. A retrouver dans mes prochaines aventures!  

Yves Oppenheim (envers +endroit) Tapisserie de Beauvais, 2010
"mille fleurs sauvages" Dom Robert, tapisserie d'Aubusson, 1961

J'ai donc visité cette semaine dans la galerie des Gobelins, l'exposition "Eloge de la nature". Cette exposition est composée de tapisseries datées du XVIème au XXIème siècle, s'inspirant toutes de la nature.
Le thème est un classique du genre car les premières tapisseries médiévales nommées "mille fleurs" étaient composées de motifs floraux (voir la dame à la licorne), une façon de laisser entrer la nature dans les intérieurs sombres et minéraux des châteaux.

Tenture des saisons "l'été", Jean Lurçat, tapisserie d'Aubusson, 1941

La fonction principale de la tapisserie s’étant perdue avec la modernité et le courant hygiéniste, la tapisserie est maintenant soumise comme tous les arts décoratifs aux effets de mode, désuète à certaines époques, elle s'est retrouvée à son apogée dans les années 40, grâce à des artistes comme Jean Lurçat et Jean Picart le Doux, qui créèrent avec Marc Saint-Saëns (petit neveu de...) l'association des peintres-cartonniers de tapisserie.

table: Mon jardin sous un bois, Jean Messagier, 1985
Plante avec un oeil, Gérard Traquandi, tapisserie des Gobelins, 2006
André Dubreuil, tapis de la savonnerie 2013

La tapisserie, la céramique et plus largement l’artisanat se retrouvent de nos jours au centre des créations contemporaines et des réflexions des designers actuels...
Crises économiques, conscience écologique et retour aux valeurs du passé, le travail manufacturé retrouve aujourd'hui sa splendeur d’antan.
Il est donc très important de conserver ce savoir-faire et de le transmettre! C'est dans ces moments là que je me dis que suis heureuse de vivre dans un pays où il existe encore des institutions comme le mobilier national, les manufactures de tapisserie ou la manufacture de Sèvres..... en revanche, bizarrement dans mon quotidien, j'oublie d'y penser....

le jardin des Gobelins, Christophe Cuzin, Tapisserie des Gobelins, 2012

velvet jungle numéro 1, Jacques Monory, tapisserie des Gobelins 2012
Vent de printemps dans l'après-midi Milva Maglione, tapisserie des Gobelins 1962

Mon voyage au travers de la tapisserie ne s’arrête pas là, RDV la semaine prochaine pour une nouvelle exposition tissée!

dessin inspiré par la tapisserie de 1000 fleurs, "l'été" de Jean Lurçat


Exposition "Eloge de la nature"
jusqu'au 19 janvier 2014

Galerie des Gobelins
42 avenue des Gobelins 75013 Paris
tél. : 01 44 08 53 49

Tous les jours, de 11 h à 18h, sauf les lundis, le 25 décembre, le 1er janvier et le 1er mai.
Fermeture de la billeterie à 17 h 30


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